Et si on allait "bikefisher"
yo bb sava, Le Tour, t'as kiffé ? J'dois avouer que Tamau Pogi, avec la 'tite mèche qui dépasse d'son casque et son intelligence flegmatique, il est plus touchant que Thomas Voeckler, mais c'est tabou
On a tellement d’autres choses à se promettre pour finir l’été plutôt que de débriefer les courses cyclistes, comme si cela avait de l’importance. Et si on allait pêcher ? La pêche et le vélo c’est un jolie couple. En même temps, ici, on ne connait rien qui ne se marie pas avec le vélo. Le cycliste est un chercheur de sommeil et de repos, ça tombe bien car le pêcheur, lui ? Y Pêche. Il pose sa soie, il tire et au pire il aura attendu. Il aura déballé son matos, déplié le siège, parfois faut tirer le tarp d’un bout à l’autre et notre coin est réservé. Tant qu’il y a un fond d’eau on peut se foutre là et attendre. Et, à vélo, se foutre là, c’est vraiment n’importe où : j’ai chaussé mes plus beaux 650b et je peux rouler sur la surface que tu veux, poto. Allons trouver les marais, allons trouver les fleuves, et allons “gentrifier” la pêche sur nos aciers à 5K€.
Fishing for the ‘gram
C’est tôt le matin qu’il faut se lever, mais c’est une habitude qu’on a déjà prise de toute’. Même pas obligé de se mettre en lycra là, juste le vieux short des jours de barbecue et la paire de chaussettes un peu chaude, un peu marron qu’on ne sait plus si elle a fait la dernière machine hier ou en mars dernier. D’abord, faut vérifier les sacoches, ça dépend de ta mentalité et de ton spot mais généralement tu prends un sandwich, pt’être une conserve, de quoi t’abriter et un change si tu bivouac. Au pire tue pues. De Paris ? Mon enfance compiégnoise me fait réciter de tête les spots de l’Oise mais si tu prends une véloroute au hasard tu trouveras forcément un point d’eau, ce genre de trucs. Le bord de Seine urbain est déjà très prisé des pêcheurs locaux - d’ivry sur seine à villeneuve-st-georges, ça ne désemplit pas de monde - mais ont-ils leurs cartes de pêche. Pas grave, l’Ile de France est un putain de marés asséchés par des moines et il y a toujours une étendue d’eau où pêcher qui se présente même en se paumant. Pour l’équipement c’est pas sorcier, l’objectif n’est pas tant de pêcher un truc que juste d’être là, de gagner sa journée à rien foutre. C’est au mieux qu’on aura une belle photo sur Instagram, le reste nous appartient. Pour ta canne à pêche ? Chez nous c’est génial on a ce magasin incroyable, à la fois quasi tabou dans l’élite du vélo et quasi tabou dans l’élite de la pêche, mais putain le service qu’il rend pour démarrer dans un truc sans y foutre la somme, on ne va pas s’en plaindre : Va chez Decath (D4 pour les intimes). T’as des cannes à 80 balles. Si t’es vraiment dans le ‘gram, les ricains font déjà des trucs de ouf : la moindre niche est un marché. C’est Reyr Gear qui trust le hashtag #bikefishing avec sa canne à pêche de voyage à quasi 300 dolls.
Ici, pour l’instant, on ne parle que de pêche à la mouche, car c’est visuellement la plus élitiste et hypnotique. Réminescence de quand tu rentrais de soirée avec Chasse & Pêche en fond sur la une - à noter qu’on peut avoir ce qu’il faut en pêche à l’appat plus “classiques” pour 30 balles chez decath aussi. Cela fera l’affaire pour le premier week-end, comme au vélo, l’expertise et la technicité viendront en pratiquant. Oui, tu ne seras pas perdu dans la pêche et tu le sais déjà car les imaginaires sont les mêmes : une belle bande de tarés élitistes, une belle bande de lambdas fans hardcore et toujours des vieux bizarres qui vont te donner des conseils pourris. Fétichiste ? Tu retrouves aussi le même matos, les mêmes textures, cork sous les mains, du carbone partout ailleurs, un roulement infini. Choisir sa trace, tourner autour de son spot et y poser sa soie sans forcément arriver à sa fin, wow on se croirait dans un col sans le risque de se faire soulever par la bagnole. Il n’y a plus qu’à s’y rendre.
C’est dans l’Histoire du vélo
Forcément, tout ceci ne m’intéresserait pas si c’était juste gratuit pour la “fame” de faire du vélo autrement ou pour lancer un nouveau marché inspirant et cyclotouristique. La pêche est déjà dans l’histoire du vélo : c’est la soupape de nombreux pros et on pense tout de suite à VdB. Tu ne connais pas VdB ? Bon je vais pas faire référence à notre Franky tous les 2 mois mais quand même. Si il n’était pas Dieu, il disparaissait souvent pendant quelques jours sans prévenir, à pêcher, personne pour le retrouver, à pecher d’être trop génial surement. C’était, face aux tartufferies de la fin des nineties dans le cyclisme, sa soupape pour sortir la tête de l’eau. Tout le monde était chargé mais lui était, en plus, pénalement inquiété. Malheureusement, même sur le terrain de son gourou Benard Sainz, cela n’a pas suffit. L’ésotérisme autour de la pêche, aussi fort qu’il soit, n’arrive pas à tuer tous nos démons. Mais la pêche fait gagner ces journées qu’on aurait pu perdre ailleurs.
Plus proche de nous, notre meilleur bikefisheur ça reste François Pervis. Bon, lui, il ne bikefish pas vraiment dans l’utopie que l’on essaye de dessiner (ultra light et à la mouche en partant à vélo le matin pour ne jamais revenir). Mais la pêche est d’une telle importance dans son équilibre de vie que c’est impossible de ne pas être inspiré par notre géant. François Pervis c’est 7 titres de champions du monde, 2 records du monde, une médaille olympique - avant peut-être une médaille paralympique d’ici la fin de l’été. Une légende des vélodromes. François c’est aussi des saisons sur le circuit du keirin japonais qu’il témoigne avec humilité. Et des week-end légendaires de pêche en story instagram. Plus qu’expert, quand il n’est pas sur les pistes ou à s’entrainer, il nous témoigne toute la dimension nerd de la pêche à la carpe/silure. Lui n’est pas dans l’esthétisme du placement de la soie, même si on imagine qu’il pourrait nous apprendre. On est plutôt dans la high tech isolation : Il commence par sonder, sur sa barque, les marais avec son sonar, puis place ses lignes et ses capteurs numériques - afin d’être réveillé si ça mord, il allonge son spot d’appats selon la tempêrature de l’eau pour enchainer les prises dans un demi sommeil. Juste une pesée et on relâche, il nous gratifie de ses records au fur et à mesure du week-end. Le but n’est pas tant de vider le marais mais de juste claquer la perf et de bouffer sa potée sur le réchaud avant de rentrer à la maison. Hey, mais quand tu veux François.
Bonus track : 2 inspirations américaines (via The Radavist)
La rétro Sur Le Raidard
J’adore prendre mon année de naissance et regarder les évènements associés. Bon, en 1986 c’est Sean Kelly qui (re)gagne. Dans cette VHS (dvd il parait) britannique de grands exploits cyclistes, on revit les dernières minutes de la course dans une ambiance orchestrale Bontempi qui ressemble à l’OST d’un boss de jeux vidéo. On redécouvre qu’un passage à niveau pouvait changer la dramaturgie d’une course, mais désormais il n’y a plus beaucoup de trains régionaux pour espérer foutre le peloton dans la sauce. Si, malgré la qualité exécrable de ce rip, vous tenez 4 minutes, vous découvrirez une fête foraine roubaisienne et j’ai un peu peur de me dire que les attractions sont toujours en train de tourner à l’heure où j’vous parle et peut-être mes enfants vont monter d’dans c’t’été. Bizarrerie de l’année 1986, l’arrivée a lieu Avenue des Nations-Unies et non sur le vélodrome. C’est que le giga sponsor, La Redoute, voulait que le spectacle se termine au pied de son siège. Le conservatisme, dans le cyclisme, n’a jamais dépassé la somme du chèque.
Les liens Sur Le Raidard
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On avait déménagé le vélodrome d’Atlanta tel quel au Canada et maintenant ils vont le couvrir, envie d’écrire un livre là-dessus.