On s'en fout de Mohoric (?)
Ces histoires de positions interdites me sont particulièrement gourmandes.
Yo bb sava ? Première newsletter où l’on revient sur les positions interdites mais aussi sur… le spi(naci de chez Cinelli) un accessoire “vintage” qui fait echo aux nouvelles lois du sport, puis on se souviendra du championnat du monde cx féminin de 2015 et quelques liens toujours Sur Le Raidard bien sûr.
Ayé, c’est le premier avril
Fini de rigoler, on ne peut plus appuyer ses avant-bras sur le cintre, s’allonger afin d’être plus “aero” et économiser quelques watts non nécessaires, on ne peut plus non plus s’asseoir sur la top-bar et pédaler comme un dingue le nez sur le boyau. C’est une décision intéressante qui témoigne de la réalité de ce qu’est ce sport avant tout : un sport mécanique. On croirait presque que, dans ces sports avec ses chaussettes trop longues et ses règlements cons, la créativité est ailleurs. Regarde la F1, c’est dans l’espionnage industriel et la dénonciation qu’ils semblent s’amuser le plus - zut pour le cyclisme, tous les vélos sont fabriqués dans la même usine taiwanaise ; La créativité, donc ? Elle semble n’appartenir qu’aux designers, en amont de la course, ceux qui font les vélos, les jerseys, ceux qui font les parcours, et aux observateurs en aval qui magnifieront, avec leurs mots, leurs images, ces machines sur roue qui n’ont pas le droit de bouger une oreille sous peine de manger une amende et, pire, un déclassement - regarde la F1 avec Netflix là c’est nickel et l’équipe Movistar ? on l’a presque aimé, aussi sur Netflix, alors que bon… et la réalisation d’Imola ? Elle était plus belle que les attaques de Van der Breggen et d’Alaphilippe (disent les italiens, les rageux).
Un déni de culture
Ce qui était intéressant dans ces positions (Mohoric ou appui avant-bras) c’est qu’elles émanaient du peloton, des habitudes de chacun des travailleurs. La position appui avant-bras était celle du baroudeur seul dans le vent et l’image n’était pas forcément plus belle, et l’histoire n’était pas forcément mieux raconter mais pour lui, le coureur, elle permettait d’économiser, de se reposer, de faire le point : cela n’a jamais été réellement remonté par les observateurs, un peu j’ai cru voir par le syndicat - dont le pouvoir est de toute façon ultra limité sauf quand il pleut trop - voir Giro 2020. De ce que j’ai entendu, et je pense à Steve Chainel et Jacky Durand durant les diffusions et je pense aussi aux différents papiers lus, ils sont un peu tous tombés dans le piège de la sécurité et la gestion des priorités que l’UCI a tendu. Ils ont fait valoir, à raison, que le manque de sécurité était ailleurs : dans les fins de parcours urbains, dans les sprints en descente, etc. Mais peu importe, sur ce terrain, l’UCI avait déjà sa réponse : “oh j’suis le chef là hein… Et, ah r’g’adez, une nouvelle réglementation sur les barrières, vous êtes contents les Ana ?” Ils ont tous oublié que ces positions étaient les leurs, celles qui venaient de l’inspiration, de l’entrainement… de la mode aussi. Mais pas la mode imposée par le sponsor, par l’équipementier, celle qu’ils ont créé eux, leur culture.
C’était une culture à défendre et donc une priorité, et ce, avant même de parler de sécurité. Cette facilité avec laquelle “les gens de l’UCI” piétinent une culture - avec un prétexte quasi fallacieux du “pensez à nos enfants” sorti par Gianni Bugno ; une culture qui devrait être la leur, cette négation d’un patrimoine immatériel aussi éphémère qu’il soit, me pose question de l’idée qu’ils se font de la créativité dans leur sport et du dialogue qu’ils ont avec les coureurs… dont découle forcément le dialogue informel entre le public et les coureurs. Ce dernier est de plus en plus distendu, le covid n’aide pas et, a du mal à proposer une assise culturelle forte autre que sa “grande et vieille et belle histoire et nianiania”.
Le pire constat c’est qu’on n’avait jamais vraiment dépassé Mohoric. Sauf Froome, sur un coup, tout le monde en était déjà revenu et on peut le dire clairement : On s’en fout de Mohoric. On dira, désormais, que sa position n’a pas influencé le cyclisme moderne plus loin que l’anecdote culturelle (ce qui est sa plus belle réussite, entendons-nous bien), en oubliant de préciser que les souffleries et la rigueur scientifique avaient déjà bridé créatifs et romantiques pour ramener une large majorité de coureurs sur la selle. Un désastre scientiste qui n’avait pas besoin de réglementation.
L’appui avant-bras, lui, a fait résonner mes souvenirs début 90 :
Qui donc se souvient du Spinaci ?
Un truc qui me faisait rêver gamin : cette petite protubérance toute moche qu’on nommait, en France - du moins selon mes souvenirs, Spi. C’étaient surtout les italiens qu’avaient ça et pour cause : elle venait du fabricant local bien connu et cherchant à faire un coup, Cinelli. Stunt marketing ou accessoire décisif ? Balek, l’UCI l’a banni pour les mêmes raisons de sécurité il y a quasi 25 ans : cela éloigne les mains du freinage et met en danger les coureurs dans le peloton. Ces 2 interdictions sont clairement jumelles, l’appui avant-bras étant finalement l’enfant, qu’on croyait avorté, du Spinaci. L’UCI avait aussi prétexté un besoin de calibrer les vélos et d’éviter les fuites en avant d’accessoires inutiles et quasi-exclusivement marketing. Elle tolérait donc l’appui avant-bras dans ce contexte jusqu’à hier - avec le recul, oui maman, il est finalement plus sain qu’on apprenne à se poser sur son cintre plutôt que d’acheter ces merdes. Tout ça m’a donc fait revoir, mentalement, Pantani avec ses Spinacis. Mentalement ? L’ironie de cet accessoire c’est que je me souviens juste des barres et jamais de lui en train de les utiliser et jamais d’une course où le Spinaci a changé la donne. C’est même un sacré challenge de trouver des photos d’un gars en train de se buter sur ses prolongateurs louches. Comme l’appui avant-bras, comme Mohoric, cela n’a jamais vraiment existé.
Si vous êtes un sacré ient-cli, Cinelli vend ses fins de stock d’antan sur son site web.
Les Spinacis en vente (40€)
La rétro Sur le Raidard
La rétro vélo c’était un peu relou, sur l’Equipe TV, avec le covid mais c’est bien avec l’UCI, sur Youtube, qui joue plutôt le jeu sur ses mondiaux. En 2015, les championnats du monde de CX étaient à Tabor et, si les fanboys en rut ne vous parleront que de MVdP vs WVA, la course Élite Femme était vraiment engagée.
Malheureusement la vignette spoil le résultat (au cas où vous l’avez oublié ou jamais connu) mais cela ne met pas en péril les 2 derniers tours absolument épiques proposés par Sanne Cant et Pauline Ferrand-Prévot. C’est sous la neige, sur le verglas et… avec du public, qu’on regarde ce mondial. Sur le hors course, on adore les supps belges venus se les peler en République Tchèque pour faire la promo de leur Pub à Zwalm :
Sur la course, l’armada néerlandaise balbutiait un peu son vélo en 2015, vis à vis de 2021, et démarre alors une compétition très équilibrée, d’un point de vue nation, dans le sillage d’un départ ahurissant de Lucie Chainel-Lefèvre, cocorico. On retrouvera, dans le scénario macro, quelques autres têtes encore bien connues des fans de CX et connoisseurs de cyclisme féminin (je pense surtout à Christine Majerus et Marianne Vos), mais on adorera toutes les microhistoires qui rendent ces courses si belles : Kateřina Nash, la régionale de l’étape, sera sur le point de ramener la seule médaille de sa nation - Zdeněk Štybar, champion du monde en titre, ayant fait l’impasse ; Dans une ambiance que vous pouvez deviner dantesque, elle sera aidée sur quelques hectomètres par des poussettes du public - qu’on qualifiera “d’à l’italienne” ; Et elle se mangera finalement 2 crashs consécutifs dans le money time pour échouer à une honorable 5ème place. Un petit bonheur de scénarisation à se faire pendant une séance de home trainer - C’était mon cas.
Les liens Sur Le Raidard
Christine Majerus parle de sa vie de cycliste professionnelle chez Maghalie Rochette qui a le meilleur podcast vélo/sport de la terre, “Fever Talk” (parfois en FR, parfois en EN où elle a discuté avec Jasper Stuyven avant qu’il gagne à San Remo) - “MaghRoch” a aussi fait une collab Rapha et on prendra la casquette et le tour de cou comme d’hab (même si le bob est magnifique)
Val-de-Marne : La voie de bus sera longée par une coulée verte : Et si on faisait ce trophée “““gravel””” de la Coulée Verte avec celle-ci, celle de Massy et le Chemin des Roses de Brie-Comte-Robert ? Oui, bon.
Ceylin Carmen Del Avarado va gagner le Tour des Flandres enfin pas sûr du tout ça, tant la concurrence va être élevée et les baronnes de la SD Worx quasi intouchables, en tout cas le maillot est simple et beau comme une marque de shampoo allemande.
Laurens de Tam était un grimpeur et n’avait aucun espoir pour gagner un “Ronde” - il n’en a fait qu’un ; mais il a passé de très bons moments en Belgique à admirer Peter Van Petegem, il témoigne de cette vie “romantique” à boire de la Tripel durant la semaine sainte et aussi de ses évènements gravel taclant le nouvel esprit straight edge des routiers au passage : “Twice in a row, on my gravel events, we’ve run out of beer. The production team were used to roadies and ordered 250 cases of Kwaremont for 600 riders. They were gone on the first night. “